Près de 70.000 commerces de proximité situés dans les quartiers populaires seront approvisionnés en masques. Le gouvernement a fixé le prix de l’unité à deux dirhams et a décidé de maîtriser les circuits de distribution pour éviter toute spéculation.
Plusieurs sociétés de distribution ont commencé, ce lundi, à approvisionner en masques de protection les commerces situés dans les quartiers populaires afin de faciliter la tâche aux citoyens contraints de sortir pour se rendre au travail ou pour faire des courses. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du respect des mesures de l’état d’urgence sanitaire, décrété officiellement le 20 mars et renforcé par des textes de loi le 24 du même mois. Ces sociétés ont mobilisé un réseau de 70.000 commerçants de détail et de magasins de proximité. Cette généralisation de la vente des masques survient au moment où l’inquiétude de la population grandit face au risque de contamination par le Covid-19.
Des sociétés marocaines ont, pour l'instant, mis à la disposition des sociétés de distribution près de 500.000 masques produits localement, en attendant d’en fabriquer davantage pour répondre aux besoins de plus en plus pressants de la population. Ceci étant, le masque reste une mesure préventive parmi d’autres, le lavage fréquent des mains au savon, l’utilisation des gels hydro-alcooliques, l’évitement des poignées de main et le respect de la distance de sécurité étant tout aussi importants.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mardi 7 avril, que les sociétés Centrale Danone, Copag et Dislog ont été chargées de superviser, dans un premier temps, cette opération de distribution, en attendant que d’autres distributeurs les rejoignent. Le prix des masques sur le marché est fixé à 2 dirhams, comme défini dans le bulletin officiel publié le 17 mars dernier, avec la possibilité de le réduire à 1,50 dirham en cas d’achat de plus de cent unités.
Le gouvernement avait auparavant déclaré qu’il veillerait, avec le soutien des professionnels dans ces domaines, à fournir les quantités nécessaires en masques de protection et en gels hydro-alcooliques via les unités de production locales et la simplification des procédures d’importation. Parallèlement à ces mesures et afin d’éviter toute spéculation dans la vente de ces deux produits, le gouvernement a donc décidé de réglementer leurs prix et de maîtriser leurs circuits de distribution, pour qu’ils soient à la portée des citoyens.
Alors que les Etats du monde entier s’arrachent les masques médicaux, devenus de plus en plus indispensables pour endiguer la pandémie mondiale du coronavirus, le Maroc opte pour la stratégie restrictive et « endogène ». D’abord en interdisant tout exportation de ces produit via texte réglementaire, en leur fixant un prix, puis en sécurisant la production nationale.
Des stocks détournés en Europe, un revirement des experts sur leurs utilité, une production chinoise à bout de souffle… Les masques chirurgicaux deviennent de plus en plus à un produit à fort enjeu géostratégique. Dans ce contexte, le Maroc a décidé, avant même l’imposition de l’état d’urgence sanitaire, de protéger ses stocks en saisissant tour à tour à Agadir à Casablanca plusieurs dizaines de milliers de masques chirurgicaux.
Interdire les exportations, soutenir la production
A fin mars, un arrêté publié par le ministère de l’Industrie et du Commerce interdit l’exportation du produit ainsi que des gels antiseptiques. Dans la foulée, le décret encadrant les prix de masques de protection pour une durée de 6 mois a été publié le 2 avril, à 25 DH le boite à 10 unités (2 DH l’unité), et à 100 DH la boite à 50 unités (2 DH l’unité). Et pour
Une dizaine d’usines de tissu se reconvertissent en produisant des masques de protection en ces temps de pandémie. Les fabricants semblent confiants, malgré une demande qui ne cesse de s’accroitre. Ces usines sont certifiées par l’Institut marocain de normalisation (Imanor). Jusqu’à présent, deux entreprises ont obtenu cette certification, Micagricol à Casablanca et IKS à Marrakech. Des stocks de masques sont parfois détournés sur le tarmac des aéroports chinois au profit du plus offrant.
Un contexte mondial tendu
Le monde fait face à une pénurie de masques et autres équipements de protection contre le nouveau coronavirus, dont la demande et les prix flambent, a alerté vendredi le chef de l’Organisation mondiale de la santé.
« Le monde fait face à un manque chronique d’équipements de protection individuelle », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’une réunion du comité exécutif de l’OMS à Genève.
Il a fait état de « graves ruptures » sur le marché mondial de ces équipements, avec « une demande jusqu’à cent fois supérieure à la normale et des prix jusqu’à vingt fois plus élevés ».
Dans un contexte pareil, la stratégie marocaine semble compréhensible puisqueles Etats font-fi des règles du commerce international. Des stocks de masques sont parfois détournés sur le tarmac des aéroports chinois au profit du plus offrant.
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